vendredi 5 septembre 2008

Lutte conte l'homophobie à l'école (1).

La nouvelle circulaire qui prépare la rentrée des classes en France pour l'année 2008-2009 vient de sortir : En voici le paragraphe numéro 9. Texte complet : http://www.education.gouv.fr/bo/2008/15/MENE0800308C.htm

9 - Lutter contre toutes les violences et toutes les discriminations, notamment l’homophobie
L’école doit offrir à tous les enfants des chances égales et une intégration réussie dans la société. Sa mission est donc aussi de promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes, de permettre une prise de conscience des discriminations, de faire disparaître les préjugés, de changer les mentalités et les pratiques. Au sein des établissements, une importance particulière devra être accordée aux actions visant à prévenir les atteintes à l’intégrité physique et à la dignité de la personne : violences racistes et antisémites, violences envers les filles, violences à caractère sexuel, notamment l’homophobie.Par tous les moyens, prévention et sanction, la lutte contre la violence dans et autour des établissements demeure une priorité absolue.


Petite explication : Mes notes de lecture en rouge.

Le ministre de l’Education nationale Xavier Darcos explique à Libération comment il entend mener la lutte contre l’homophobie à l’école.

Pourquoi la lutte contre l’homophobie est si importante ?

La question de l’homophobie intéresse toute la société, et spécifiquement les lieux de culture et de savoir. J’ai donc souhaité que l’école ne la méconnaisse pas. Et que tout élève qui pourrait subir des vexations, voire des violences, liées à son orientation sexuelle soit protégé.

D’abord il fallait que nous sachions ce qu’il en était. Des associations et des lycéens nous alertaient. Dans notre logiciel Civis qui recense les violences de toutes natures, nous avons introduit les actes liés à l’homophobie. Les chiffres restent modestes. De septembre à novembre 2007, les violences à caractère homophobe ont représenté 0,6 % du total, et de décembre à février 2008, 0,3 %. Mais il s’agit de signalements, non de la réalité. L’homophobie est une attitude, elle crée un climat et ne s’exprime pas forcément par des violences. Il est en outre toujours un peu compliqué de la dénoncer. Voici qui est singulier, l'Administration n'avait donc aucune idée de l'importance de l'homophobie avant que des associations et des lycéens ne l'alertent en 2007/2008... Les enseignants n'ont-t-ils pas des yeux pour voir et des oreilles pour entendre ?

JOKER !

Nous pouvons progresser. L’omertà sur tout cela est toujours présente. Des chiffres alarmants montrent que nos jeunes homosexuels ne vont pas bien et qu’ils sont victimes de leur orientation sexuelle : leur taux de suicide est près de trois fois supérieur à la moyenne. On sait aussi que les jeunes se moquent ou insultent, facilement. Tout ceci crée des tensions et beaucoup de souffrance chez les jeunes homosexuels. Un taux de suicide près de trois fois supérieur à la moyenne... Certains chiffres montrent un taux plus élevé (voir le site Homoedu ), mais pour le moins, le Ministre Xavier Darcos s'implique et parle de "nos jeunes homosexuels"... Les jeunes homosexuels ont-ils tout d'un coup une existence officielle par la volonté du Ministre ? Les jeunes ont donc une sexualité officialisée (?) mais en France l’âge du consentement sexuel de 15 ans reste la loi !

Quelles actions lancez-vous ?
D’abord, pour être certain que nos personnels se sentent concernés, j’ai décidé pour la première fois de mentionner explicitement dans la circulaire de rentrée 2008 la lutte contre l’homophobie. C’est un pas décisif qui va engager toute la maison, même si le milieu éducatif est déjà très vigilant. Voilà qui devrait rendre les personnels plus concernés... alors qu'ils étaient déjà vigilants... Alors, pourquoi tant de suicides... et de mal être ? Ne faut-il pas trouver d'autres moyens pour combattre l'homophobie que s'appuyer encore et toujours sur des personnels dont on sait qu'ils ne sont pas toujours, hélas, à l'écoute des élèves qui leur sont confiés. Certains sont même très forts pour trouver des raisons structurelles à ce manque d'écoute... (horaires surchargés, manque de formation...) à moins que cela ne soit, chez certains, déjà l'expression d'une homophobie qui transpire. La solution est ailleurs !

Concrètement, j’ai décidé de rendre systématique à la rentrée l’affichage de la ligne Azur [pour ceux qui se posent des questions sur leur identité sexuelle, ndlr] dans les lycées, ce qui permettra aux adolescents, victimes de violences homophobes ou soucieux de s’informer, de trouver des interlocuteurs formés. La brochure «Homophobie savoir et réagir» (jusqu’ici distribuée dans les rectorats) sera en outre disponible dans tous les établissements - dans les centres d’information et documentation, les infirmeries, les salles des profs. Je suis heureux de constater qu'une brochure était distribuée dans les rectorats... bien rangée sur les étagères, loin des personnes concernées - les élèves - des fois que de telles brochures puissent être assimilées à du prosélytisme. Peut-être manque-t-il à cette liste de lieux - où la brochure sera disponible dans l'avenir - un élément fondamental pour faire évoluer les idées : Le cartable des élèves. A moins que cette brochure ne soit destinée qu'aux personnels. De même, si on pose la question des violences homophobes, une des solutions ne se trouve-t-elle pas dans l'acceptation de la différence, et une éducation centrée sur la tolérance plutôt que sur le rejet des violences - la différence est mince, mais importante.

Pourquoi exclure les collèges ?
Les collégiens ont de 11 ans à 14-15 ans, ce sont des enfants et des adolescents. Il faut être plus prudent, car il n’y a pas d’homogénéité. Au collège nous préférons donc une approche explicative. Il y a des cours liés à l’éducation à la sexualité, des associations interviennent pour sensibiliser les élèves. Mais il faut surtout que les jeunes trouvent des contacts personnels pour parler de questions relevant de l’intime. Pour cela, nous préparons des modules de formation spécifiques pour que nos infirmières scolaires puissent assumer cet accueil. Voilà donc le vrai débat qui se dévoile lorsqu'il s'agit du collège : "Il faut être prudent", "il n'y a pas d'homogénéité"... Je ne me souviens pas d'avoir entendu une telle prudence lors du raz de marée homophobe, anti-homosexuel qui a accompagné la cause nationale défendu par un autre Ministtre en 1997 sous le titre 'Lutte contre les violences sexuelles à l'école'. On a alors vu des groupes, des associations, des individuels mêmes être reçus dans les écoles et collèges afin de prêcher le bien face au mal... point n'était alors question de prosélytisme, la 'Cause' valait toutes les expériences : 'Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens' aurait-on pu entendre. Onze années plus tard, le résultat n'est pas aussi rose et salutaire pour notre société.

'Il faut surtout que les jeunes trouvent des contacts personnels pour parler de questions relevant de l'intime' et pour cela, il est prévu des modules de formation spécifiques pour les infirmières scolaires afin qu'elles puissent assurer cet accueil. Il faut souligner l'effort du Ministre, mais aussi en signaler les limites.

La cause de 1997 est, je le crois, plus justement à l'origine du marasme et mal être des jeunes homosexuels qui, depuis cette date, ne peuvent plus trouver dans la société les contacts personnels qui leurs permettaient de parler de questions relevant de l'intime. Françoise Dolto, évoquait amicalement cette solidarité dans son ouvrage 'La cause des enfants'... Le fossé entre la réalité des situations de la vie privée et l'évolution des réponses judiciaires voulue et mise en place par les féministes après 1997 n'est pas fait pour accompagner de façon positive cette nouvelle cause nationale. Il est toujours difficile de revenir en arrière, surtout si on a été trop loin ! Ainsi, les modules de formation spécifiques dont parle le Ministre ne peuvent remplacer l'humanité qui devrait habiter chacun d'entre nous, et plus encore les enseignants et les infirmières scolaires, mais aussi toutes les personnes soucieuses du bien être d'autruit. Nous avons aujourd'hui besoin que l'Etat montre une vraie générosité face à cette question, et qu'il dépasse rapidement les obstacles qui empêchent ces jeunes de s'épanouir.

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